Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Petits moments de vies, de ma vie. Chaque rencontre, chaque pensée, chaque peine, chaque bonheur me mènent à découvrir mon prochain, à exprimer mon ressenti. Il existe un monde tout autour de moi. Il existe moi dans ce monde. Lorsque je ne ferai plus partie de ce monde, je sais qu'il fera toujours partie de la vie d'un bon nombre de ceux qui le créent pour moi.

LES OEUFS DE MÉLANIE

J'ai demandé à Mélanie :

"Mélanie, tu peux me vendre des oeufs?

Non! m'a-t-elle répondu. Je ne peux pas, alors je te les donne."

Et depuis, Mélanie me donne des oeufs! Pourtant, je n'ai jamais dit à Mélanie que son prénom est celui d'une chanson qui nous entonnions à tue tête, sur un air enjoué, ma soeur aînée et moi lorsque nous étions gamines:

"🎶Mélanie, as-tu fermé les poules? Sans oublier la porte du jardin...🎶"

Cette chanson donnait écho à l'attitude d'une petite fille qui se mêlait de ce qui ne la regardait pas : "Une petite Mélanie ". Lorsque les grandes personnes nous traitaient gentiment de "Mélanie " et nous serinaient le petit air qui s'y reportait, nous comprenions que nous commencions à dépasser la limite permise. Alors, aussi gentiment qu'elles,  nous revenions à notre place de petites filles bien élevées.

Mélanie...les poules... la porte du jardin...voilà de quoi me replonger dans ma si jolie enfance. Et en plus, ma Mélanie d'aujourd'hui est une belle paysanne aussi gentille que discrette qui me donne des oeufs des poules de son jardin!

Des oeufs tout frais, tous beaux, délicieusement bons. Les oeufs comme ceux sortis du "cul de la poule" que Tonton gobait devant nous après les avoir percés avec une grosse aiguille à leur deux extrémités. 

"Qui en veux, nous demandait-il ?" mais ma soeur et moi, encore toutes gamines, n'avons jamais osé tenté cette expérience gustative. Nous préférions de loin les oeufs que notre grand-mère nous faisait cuire pour notre quatre heures. Elle les cassait dans une petite poêle en acier rouge qui possédait une anse de chaque côté. Deux oeufs, posés dans l'huile fretillante, qu'elle retournait dessus-dessous pour que le jaune soit cuit à point et que le bord du blanc croustille. Dans un morceau de pain largement ouvert, elle glissait l'oeuf tout chaud avant de nous tendre ce casse croûte au moelleux et au goût d'un autre monde. Le jaune ne s'échappait jamais du pain tant il était parfaitement cuit.

Les oeufs de Mélanie sont pour moi un cadeau d'une valeur inestimable. J'avais oublié. C'est bien cela, j'avais oublié! Moi, qui à cause d'une maladie trucmuche qui exacerbe mon odorat et mon goût au point de me rendre souvent malade, sans la moindre gêne je retrouve, en mangeant les oeufs de Mélanie, le souvenir intact de ces moments dans la petite cuisine de la Barentine où Tonton gobait son oeuf ramené tout droit du poulailler et où  Mamie nous régalait , nous les deux gamines qui chantions "🎵Mélanie as-tu fermé les poules...🎵", d'un goûter aussi naturel que délicieux. 

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article